La saga des minis

ou comment devenir un as de la bricole en quelques leçons et pas mal de conneries ou le contraire c'est comme vous voulez


Tout a commencé lorsqu'un pote, venant d'avoir son permis a acheté, pas cher, une caisse, jusque-là normal. Une mini 1100 de 1978. Bref il s'amusait avec sa caisse à savon, plus souvent à côté que sur la route d'ailleurs. Quant à moi je trouvais assez con une bagnole qui est tout le temps en panne, qui fuit de l'huile, qui consomme, bref qui à toutes les caractéristiques de la bagnole qu'on ne voudra jamais acheter. On était en 1988. Tout allait bien, j'avais une voiture normale et j'en étais fort content

Seulement voilà. Un beau jour, qui était assez pluvieux en fait. Un autre pote m'invita à une journée mini sur le circuit de Dreux. Ballade dans sa Triumph Spitfire MK III décapotable en cours de restauration, jusqu'au circuit sous la pluie. Le détail qui tue, c'est qu'il manquait certaines finitions sur sa Spit, dont la capote. Une décapotable c'est cool mais sans capote et sous la pluie, t'as vraiment l'air d'un con. Le coude posé sur le rebord d'une baignoire, il ne manquait plus que le savon. La méga frime qwooaaaaa ...

Evidemement, à une concentre mini, il y a pas mal de minis, y'a aussi des mecs qui les restaurent, y'en a d'autres qui les customisent avec plus ou moins bon goût (en général plutôt moins que plus). y'en à d'autres qui les préparent. Personnellement c'est à cette dernière catégorie que j'ai eu à faire. Un mec vachement sympa, style viking, mais au 1/43éme, m'a proposé de m'emmener faire un tour, lors des qualifs. Parce qu'il faut tout de même préciser que tout ce beau monde n'était pas venu pour se congratuler, discuter de la pluie et du beau temps et boire le thé. Que nenni, tout le monde était là pour......ARSOUILLER !!!!!

Et c'est ce brave gars, qui a jeté dans mon esprit les bases de la mécanique telle qu'il faillait la concevoir. Loué soit il. Il m'a expliqué qu'il avait précipitamment remonté une mini avec des morceaux qui traînaient chez lui, qu'il ne l'avait pas testé et qu'il préférait que je monte plutôt que son pote mécano, car son collègue, il faisait plus de 110 kg et avec lui dedans, la mini, elle n'avançait plus. Son copain, il n'avait pas l'air de comprendre grand chose à la mécanique, du moment qu'il délirait, qu'il y avait des bières et qu'on racontait des conneries, tout allait bien.

Je suis monté dans la mini, une 1300 Cooper de 1964 je crois et hop, a fond... Déjà c'était simple. Au premier virage, on était les derniers !! le mec se retourne vers moi et me dit:

"Merde, j'ai oublié de rebrancher le circuit des freins arrière. Je l'avais shunté parce qu'il fuyait !"

Ah bon ??!!!

"Putain elle tire pas cette caisse...Ouais je me rappelle, y'a une soupape de tordue dans le moubif"

C'est à ce moment que ça a fait "clong", curieusement juste après le surrégime à 8500 tours. On avais même pas fait un tour de circuit.

Mais, moi j'étais conquis. Il me fallait à tout prix me lancer dans la mécanique de mini. On buvait plein de bières, on prenait des pièces qui traînent et on montait le tout en vrac puis on foutait la mini ainsi préparée à fond sur un circuit, pour voir si ça marchait. Bien évidemment ça ne marchait pas, alors on buvait encore plein de bières on redémontait, on racontait des conneries jusqu'à la fois suivante. Le top vraiment.....

Il me fallait donc trouver la mini de mes rêves. Mais à cette époque la mécanique, j'y entravais vraiment que dalle. Alors avec le pote à la mini (le premier, si vous avez suivi) on a décidé de partir en Grèce. Pas vraiment de rapport avec la mécanique en fait...Hé bien si ! parce qu'on allait acheter une caisse, la remettre en état, faire du tout terrain là-bas et revenir en train, parce que logiquement vu comment on était des flèches en mécanique, la caisse aurait rendu l'âme chez les Hellènes. Comme vous pouvez le constater, on était d'un optimisme délirant.

 

Mécanique Leçon n°I

On démonte tout en vrac (je vous passe le démontage du cable d'embrayage à la hache, mais j'ai la photo !!!), on raconte des conneries et on boit des bières. (Photo: C. J.)

 

Le projet a mis un an à mûrir et en 1990 on a donc trouvé une vieille R 5 de 1976 qui ne valait plus un clou. Le gars trop content qu'on le débarrasse de sa poubelle nous l'a laissé pour le prix des pneus. Valait mieux parce qu'on était étudiants et donc complètement fauché. On a donc acheté conformément à ce que j'avais appris: des bières, récupéré une autre R 5 encore plus pourrie que la notre, la RTA et on a bossé pour lui faire passer le contrôle technique et la préparer pour notre raid. On a changé le moteur, le premier ayant rendu l'âme au bout de 500 km vérifié tout, monté un radiateur à l'avant compatible avec le nouveau moteur, fixé la prolonge de sélecteur de vitesse - car les vitesses se passaient au tableau de bord - grâce à une superbe cornière d'étagère boulonnée dans les ailes, caché les trous de rouille de la carrosserie avec du mastic, mis des plaques de blindage de 6mm sous le moteur et le réservoir. Et un beau soir, le résultat était là; la voiture était prête....

 

Mécanique leçon n°2

Ingrédient pour faire de la bonne mécanique: 2 moteurs (le vieux est dedans, le moins vieux dehors), une balançoire, des tresses en tissu pour attacher les piquets des ceps de vigne (en rouge sur le second moteur), un petit tronc d'arbre....et de la Pelfort sur le toit. Notez tout de même les superbes retouches faite à la bombe aérosol sur l'aile.

Des véritables pros j'vous dis !!! (Photo C. J.)

 

Juste le temps de prendre une douche, de charger le matos, de boire une dernière bière et nous voila parti pour la Grèce. Les essais, on les feraient en route !!!

Contact, embrayage...et marche arrière. Ca, c'était pas prévu au programme ! Évidemment le sélecteur au tableau de bord, on avait pas l'habitude, fallait prendre le coup. Bon on tente la seconde alors....marche arrière aussi ! La troisième peut être....marche arrière !!! Et la marche arrière alors...cette fois c'était parti dans le bon sens. Par contre nous étions certain d'avoir contruit la première R 5 avec 4 marches arrière et une marche avant. Progrès technique certes considérable, mais qui ne faisait ni avancer le smilblick, ni qui nous rapprochait de notre destination; Athènes. Bref on n'était pas rendu !

Il nous fallait pourtant partir au plus vite, trouver une solution pour remédier aux 4 marches arrière ainsi que les freins (a tambour) dont les ressorts sautaient et les garnitures qui frottaient constamment... La R 5 avait effectué ses 15 premiers kilomètres et ce n'était pas vraiment concluant. C'est alors que nous avons décidé de se faire une boîte de nuit. Explications: la fantaisie de la boîte venait tout simplement du fait que l'ancien moteur, un 750 cc, tournait dans le sens inverse du 950 cc que nous avions remonté, et vu que nous avions gardé l'ancienne boîte et son système de vitesse au tableau de bord, c'était pas cohérent. Il fallait remonter la boîte du 950 cc; d'où la boîte de nuit ! A l'aube, j'avais rendu a main, parti me coucher et c'est là discrètement que pour résoudre les problèmes de garnitures de frein qui persistaient à récalciter dans leurs tambours, le pote a décidé de passer un coup de meuleuse sur tout ce qui ne voulait pas rentrer. Et c'était LA solution !!!!! Au petit matin la voiture était prête... Nous avions vaincu et fait nos premières armes de mécaniciens et pour fêter ça on s'est donc offert.....du café avec des croissants.

Parti de Paris à la mi-Août, on pouvait compter sur les encouragements délirants de nos proches.

"Vous ne dépasserez pas Besançon" avait prédit mon père, "l'Italie, tout au plus" disait un autre. " Vous verrez, les dépanneurs Yougoslaves sont vachement sympas" nous prédisaient un troisième. Quant au Grec de l'histoire, d'un optimisme fou, nous voyait arriver à Athènes...

Hé bien, ils se sont tous trompés. Non seulement nous sommes parti en Grèce, nous avons bien fait du tout terrain avec notre brave R 5, remonté des rivières quand les routes n'allaient pas dans la direction qui nous plaisait, sauté d'une autoroute à un chemin pour Bulldozer à plus de 120 km/h, et reconstruit une pompe à essence en Yougoslavie, mais nous en somme revenu et avec la R 5 en bon état...On était devenu des cracks de la bidouille...on n'avait même plus besoin de la bière.

J'allais enfin pouvoir passer aux choses sérieuses: les minis

 

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